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26 MAI 1918 : RESTAURATION DE

 L'INDÉPENDANCE DE LA GÉORGIE

26 მაისი 1918 წ : საქართველოს დამოუკიდებლობის აღდგენის დღეა


 

Voilà tout juste 5 ans, nous commémorions ensemble, à Paris  et à Tbilissi le centenaire de la restauration de l'Indépendance de la Géorgie du 26 Mai 1918

5 წლის წინ ერთად ვზეიმობდით პარიზში და თბილისში საქართველოს პირველი რესპუბლიკის დაარსების 100 წლის  იუბილეს !


 

Historique

2 poésies dédiées au 26 mai 1918 (Elisse Pataridze) et à Saint Georges ( Guiorgi Gvazava)

Poesie sur le 26 mai  par Kalistrate Beridze


 

26 mai 1918 Proclamation de la restauration de l'indépendance de la Géorgie 

                                                                                                               

Hymne national : Didèba   

                                                                                                               

Traduction de l'acte d'indépendance :

ACTE D’INDÉPENDANCE DE LA GEORGIE

Pendant plusieurs siècles, la Géorgie a existé comme État libre et indépendant.

A la fin du XVIIIe siècle, pressée de tous les côtés par des ennemis, la Géorgie s’allia volontairement à la Russie, à condition que la Russie s’engageât à défendre la Géorgie contre ses ennemis extérieurs.

Les événements de la Grande Révolution Russe ont créés une situation intérieure telle que le front de guerre s’est effondré entièrement et que la Transcaucasie a été évacuée par les armées russes.

Abandonnées à leurs propres forces, la Géorgie et avec elle, la Transcaucasie, ont pris entre leurs mains le soin et la direction de leurs propres affaires et se sont donnés des organes gouvernementaux appropriés. Mais la pression des forces extérieures a amené la dissolution des liens qui unissaient les peuples de la Transcaucasie et l’unité politique de celle-ci s’est effondrée.

La situation présente de la nation géorgienne commande impérieusement à la Géorgie d’avoir sa propre organisation d’État en vue de prévenir, par ce moyen, la conquête du pays par les forces extérieures et de créer des bases solides pour son développement indépendant.

En conséquence, le Conseil National Géorgien, élu par l’Assemblée Nationale, le 22 novembre 1917 déclare :

1. La nation géorgienne rentre en possession de tous ses droits ; la Géorgie est un État indépendant qui jouit de tous les droits de la souveraineté.

2. La forme de l’organisation politique de la Géorgie indépendante est la République Démocratique.

3. En cas de conflits internationaux, la Géorgie reste perpétuellement État neutre.

4. La République Démocratique Géorgienne désire avoir des relations amicales avec tous les membres de la communauté internationale et, en particulier, avec les États et les peuples voisins.

5. La République Démocratique Géorgienne garantit, dans les limites de son territoire, tous les droits civils et politiques, à tous les citoyens également, sans distinction de nationalité, de croyance, d’état social ou de sexe.

6. La République Démocratique Géorgienne ouvre à toutes les nationalités habitant son territoire un champ libre à leur développement.

7. Jusqu’à la convocation de l’Assemblée Constituante, les affaires publiques de toute la Géorgie sont gérées par le Conseil National, avec adjonction des représentants des minorités ethniques, et par le gouvernement provisoire, responsable devant le Conseil National.

 

 

C'est le 26 mai 1918, après 117 ans de mainmise russe,  que la Géorgie recouvrait enfin son indépendance. Celle-ci avait été gagnée aux prix de luttes incessantes au cours desquelles nombre de patriotes géorgiens firent  le sacrifice de leur vie.

Le 87 me anniversaire de ce  jour mémorable est célébré aujourd'hui  avec ferveur et espoir par le peuple géorgien et les membres de sa diaspora disséminés dans le monde. 

Ce n'est que le 9 avril 1991, après 73 ans d'occupation soviétique,  qu'a été rétablie cette indépendance sur les bases de son acte fondateur dont le fac-similé figure plus haut et pour laquelle  le peuple géorgien avait  eu l'occasion de se prononcer par référendum organisé le 31 mars 1991. Rappelons ici que les organisations politiques en exil  depuis 1921 et les associations géorgiennes du monde libre avait toujours célébré cet anniversaire.

Aussi, n'est-il pas inutile de rappeler que pendant la Guerre Froide,  les symboles originels de la République démocratique de Géorgie datant de 1918, à savoir : le drapeau, l'emblème et l'hymne national (dont vous pouvez prendre connaissance en tête de cette page), avaient étés jalousement gardés et préservés par les organisations politiques en exil et les associations géorgiennes du monde libre.

Pour vous aider à situer et à mieux comprendre cet événement, nous vous invitons  à prendre connaissance du chapitre XXIV du livre "HISTOIRE DE GEORGIE" d' ALEXANDRE MANVELICHVILI,  paru en 1951 aux NOUVELLES ÉDITIONS DE LA TOISON D'OR PARIS 

 

Chapitre XXIV

LA RÉVOLUTION RUSSE DE 1917

ET L'INDÉPENDANCE DE LA GEORGIE

  La situation générale du Caucase.

   Le Caucase était divisé en quatre unités politiques

1)     les Montagnards, au nord, qui, avant l'annexion, vivaient indépendants en États autonomes, Circassiens, Tchétchènes,  Ingouches, Daghestaniens (de race géorgienne) et Ossètes. Schamyl avait, au cours de la guerre contre la Russie, réalisé l'unité des Tchétchènes et Ingouches avec le Daghestan, ainsi qu'avec une partie de l'Ossétie. Ces petits états dont l'organisation ne s'était pas développée sous la domination russe n'étaient pas moins favorables à l'idée de la création d'un État fédéral;

2)     les Tatars de l'Azerbeidjan qui étaient autonomes avant la main-mise russe, Khanat de Bakou, Noukhi, Chemakhie, etc... La plupart de ces Khanats, au cours du XVIII' siècle étaient sous la suzeraineté de la Perse ou de la Géorgie et chez eux aussi la formation politique était encore à un stade primitif. Leurs sympathies pour la Turquie étaient grandes, mais quel que fut leur désir de se soustraire à la domination russe, l'initiative d'une sécession ne pouvait venir d'eux. L'idée de l'unité avait germé cependant dans les esprits.

3)     L'Arménie, vieille nation possédant une longue tradition et une expérience étatique, était le troisième élément important du Caucase. La domination sécuaire de l'ennemi ne lui avait laissé que la liberté de s'organiser spirituellement et le patriotisme de ses enfants ne lui fit pas défaut. Au XIXème siècle, les efforts incessants des Arméniens avaient produit leurs fruits, un parti national (Dachnak) dirigeait l'opinion publique et réunissait sur lui les espoirs du peuple arménien.

L'Arménie était logiquement en état de se proclamer indépendante, même avant les pays montagnards, mais une tentative de cette nature était obligatoirement vouée à l'échec; la Turquie ne modifiant pas son attitude à l'égard des Arméniens qui, au cours de leur histoire, avaient tant eu à souffrir de son voisinage. Aussi la  situation de l' Arménie expliquait-elle et  justifiait-elle ses sympathies pour la Russie et ses tendances pro-russes.

      4)       Le plus important des éléments ethniques, géographiques et historiques du Caucase était la Géorgie que l'adversité et l'oppression avaient une fois encore unifiée. Elle aspirait à l'indépendance avec une ardeur dont l'intensité n'avait jamais encore été égalée et qui contenue par la puissante Russie acquérait par ce refoulement même une vigueur accrue. Il semblait donc qu'elle dut secouer le joug la première. Il n'en fut rien, des raisons profondes d'or­dre extérieur et intérieur s'opposèrent à la proclamation de son indépendance.

Les raisons d'ordre intérieur furent tout d'abord l'action de la section locale du parti social-démocrate, des mencheviks, inféodée au parti central russe. Dans un pays brûlé par la fièvre de la liberté, le pouvoir passait virtuellement aux mains d'hommes imbus des doctrines marxistes et dont les chefs spirituels gouvernaient la Russie. Leur but était la révolution sociale, mais dans le respect et le maintien de l'intégrité de l’Empire russe, sous sa forme actuelle. Le  régime imposé  à  la Géorgie n’aurait  donc comporté qu’une liberté politique et sociale tout à fait dérisoire dans le cadre de la démocratie russe, médiocre ambition qui satisfaisait cependant les aspirations des menchéviks géorgiens au début  de la révolution.

Mais l'Empire Russe s'écroulait. Les destinées  de la Géorgie resteraient-elles donc liées à celles de la nouvelle Russie ? La situation était confuse et angoissante. En Transcaucasie, l'influence des doctrines  socialistes était grande, elle entravait la marche à la liberté et  troublait la conscience des meneurs. Les événements eurent raison de tant d'indécision. La révolution d'octobre 1917 dénoua la situation et l’impérieuse nécessité  historique s'établit sur les débris des théories marxistes et sur d'artificielles combinaisons.

 

L' indépendance   de la Transcaucasie .

Attitude de la Turquie.

 

Le Gouvernement provisoire russe n'avait nullement l'intention de s'incliner devant les faits. Le président Kérenski institua un «comité spécial de la Transcaucasie» qui se substitua au vice-roi et qui prétendait demeurer l'organe représentatif du pouvoir central russe. La nomination d'un haut-commissaire pour le Caucase fut d'abord envisagée, mais la durée du nouveau gouvernement fut brève. Le 25 octobre 1917" les bolcheviks s'emparaient du  pouvoir et la guerre civile commença.

Ces événements eurent leur répercussion immédiate en Géorgie.

Les armées russes du Caucase abandonnant leurs positions, regagnaient en désordre la Russie et l'armée turque; trouvant le vide devant elle, avança dans le Caucase, livré maintenant à ses propres ressources.

Les éléments russes au Caucase, restés fidèles au gouvernement Kérenski, espérant empêcher son détachement définitif prirent l'initiative de proclamer eux-mêmes l'indépendance de ces pays. Le 11-11-1917, une assemblée où se trouvaient représentés les différentes organisations révolutionnaires et des éléments de l'armée russe proclama à l'unanimité l'indépendance de la Transcaucasie. Un Comité gouvernemental (1) auquel les fonctions de gouverner la Transcaucasie étaient dévolues fut nommé jusqu'aux élections de l'Assemblée constituante Russe.

(1)  Sous la présidence de M.Gueguetchkori

 

La Turquie suivait attentivement la situation. Elle proposa la paix et ses propositions furent reçues par les Russes le 21-11-1917. Le général en chef de l'armée du Caucase les accepta et le texte de sa réponse au général turc Vekhib-­Pacha fut communiqué à Bagdad au commandant de l'armée anglaise de Mésopotamie. L'armistice fut signé à Erzindjan, le 5 décembre et les pourparlers de paix suivirent. La Turquie souligna à cette occasion son intérêt à une Transcaucasie indépendante (2).

(2) Documents et matériaux sur la politique extérieure de la Transcaucasie et de la Géorgie (en russe: Tbilissi). 1919.

 

  Cependant, le Comité gouvernemental ne se prononçait pas. L'indépendance de la Transcaucasie était établie, de facto mais dans l'esprit des membres du Comité, ses territoires n'étaient pas moins liés idéologiquement à la République démocrate de Russie. Les propositions du Président Wilson sur une paix générale parurent propices aux Turcs qui renouvelèrent leur désir de voir la Transcaucasie recouvrer son indépendance. Le Comité gouvernemental résistait, craignant de s'engager, et répugnant toujours à la seule idée d'une séparation avec la république fantôme de Russie. Le prétexte invoqué était la proximité des élections. Mais le 21 novembre 1917, l'Ukraine se proclama indépendante et les bolcheviks ouvrirent des pourparlers avec les Allemands qui occupaient encore le pays. Ce fut le moment que choisirent les Turcs, le général Vekhib-Pacha, avançant à travers le Caucase, obligea le Comité à traiter, et proposa son appui aux délégués transcaucasiens à la Conférence de Brest-Litovsk quand la question de l'indépendance se poserait. Le 23 février 1918, une délégation de la Transcaucasie, sous la présidence de M.Tchenkeli, arriva à Trébizonde pour discuter les conditions de paix avec la Turquie et préparer les voies aux représentants transcaucasiens.

  Cependant la conférence de Brest-Litovsk décidait du sort des États composant l'ancien Empire russe et le 17 février 1918, une dépêche de Karakhan, représentant des Soviets à la Conférence, informait le Comité gouvernemental que la Russie avait cédé à la Turquie les districts de Kars, Ardahan et Batoum. Le Comité gouvernemental protesta auprès de tous les gouvernements. Mais les Turcs avaient habilement profité des indécisions du Comité au sujet de l'indépendance de la Transcaucasie; le mal était fait. Le général Vekhlib-Pacha intima au général Lebedinski, commandant eu chef des armées du Caucase, d'avoir à évacuer les pays nouvellement cédés et sans attendre sa réponse fit progresser ses troupes.

Le Comité gouvernemental décida de passer à l'action ; après un long débat, la majorité. exprima la volonté de résister au coup de force turc. Cependant, la situation de la Turquie était forte: si les décisions de la conférence de Brest-Litovsk n'étaient pas suivies d'effet, il lui restait encore la possibilité d'intimider les délégués au cours des négociations de Trébizonde où la diplomatie turque serait appuyée par la force armée.

Au cours des discussions, les délégués de la Transcaucasie présentèrent leurs revendications: 

1° retour préliminaire aux frontières d'avant-guerre ; 2° autonomie de l'Arménie turque, droit pour l'Anatolie orientale de disposer d'elle-même (3) .

(3)  Comptes rendus sténographiques de la Diète du mois de mars 1918.

 

Les Turcs refusèrent d'engager des conversations sur ces bases, et s'en tinrent aux décisions de Brest-Litovsk. La conférence arrêta ses travaux, mais le 23 mars, les délégués firent aux Turcs des concessions partielles. La Turquie, mécontente, adressa au Comité Gouvernemental un ultimatum de 48 heures.

Le président de la délégation Transcaucasienne, M. Tchenkeli, maintint ses revendications. et demanda au général commandant la place de Batoum de prendre ses dispositions pour prévenir toute attaque venant des Turcs. Les délégués arméniens se rangèrent aux côtés de leurs collègues géorgiens, pendant que les représentants de l'Azerbeidjan hésitaient à prendre position contre la Turquie. La durée de l'ultimatum ayant expiré, Vekhib-Pacha envahit les territoires contestés. Le président de la délégation dut s'incliner devant le fait accompli.

Le 9 avril 1918, la Diète déclara l'indépendance de la république fédérale de Transcaucasie. Le 10 avril, le nouveau gouvernement fut constitué et son président M. Tchenkeli informait le général turc que les décisions de Brest­-Litovsk étant acceptées, il entendait reprendre les pourparlers ; en conséquence, les opérations militaires furent arrêtées et l'armée turque prit position sur les lignes frontières existant avant la guerre turquo-russe de 1878.

Une nouvelle conférence s'ouvrit à Batoum, le 11 mai 1918, et les Turcs présentèrent de nouvelles exigences au nombre desquelles les districts d'Akhaltsikhé et Akhalkalakhi. A l'Arménie ils demandèrent en outre Alexandropol. Les discussions se prolongèrent et l’armée turque reprit sa marche en avant.

Ainsi, tout en reconnaissant l'indépendance de la République de Transcaucasie, la Turquie n'en continuait pas moins à envahir son territoire. Le président de la délégation Transcaucasienne protesta.

Les armées alliées étaient loin du théâtre du combat et leur intervention paraissait impossible. Par contre, l’Allemagne était présente à la conférence de Batoum. La paix sur le front oriental lui paraissait indispensable et la Transcaucasie qui la souhaitait avidement accepta la médiation allemande que la Turquie rejeta. Cependant, le général von Lossof partit pour Berlin et fit son rapport au Gouvernement, malgré l'opposition du négociateur turc qui sentait le danger. Les jours de la république transcaucasienne étaient comptés et trois autres républiques allaient naître et décevoir les ambitions territoriales des Turcs.

 

L'indépendance de la Géorgie.

 

La conférence de Batoum ne produisit aucun résultat. La Turquie s'entêtait dans ses erreurs historiques. Son intransigeance précipitait le Caucase vers la division intérieure, provoquait l’occupation de son territoire, créait une hostilité permanente entre chrétiens et musulmans, particulièrement sensible dans la principauté du Samtzkhé. A la conférence de Batoum, les délégués turcs avaient émis la prétention de détacher ces territoires de la Géorgie et une occupation militaire avait suivi l'énoncé de ces prétentions. La reconnaissance de l'indépendance de la Transcaucasie n'avait été qu'une feinte. Les Turcs entendant poursuivre jusqu'au bout leur dessein de destruction et de main-mise sur ces contrées.

L'impossibilité de maintenir artificiellement une république transcaucasienne unique apparut nettement, en raison surtout de l'attitude turcophile des musulmans de l'Azerbeidjan qui, plaçant les intérêts de leur communauté raciale et religieuse au-dessus de ceux de leur pays, prirent ouvertement le parti des Turcs. L'unité transcaucasienne était rompue et le 26 mai 1918, sur les" débris de la république de Transcaucasie, naissait la république géorgienne qui élut son premier gouvernement issu de l'Assemblée Nationale (4).

4) Sous la présidence de M.  Ramichvili.

 

L'acte d'indépendance fut porté à la connaissance de toutes les nations et le jour même de cette déclaration, le Gouvernement turc remettait aux délégués de la Transcaucasie à Batoum par un ultimatum de 72 heures l'ordre d’évacuer Akhaltsikhé et Akhalkalakhi.

La république de Transcaucasie n'existait plus, le Gouvernement géorgien demanda au gouvernement turc si son ultimatum s'adressait à la Géorgie. La réponse fut affirmative et brutale et le délai d'ultimatum fut ramené à 12 heures. Le gouvernement géorgien fit appel au représentant de l'Allemagne à Tbilissi ; des unités allemandes furent expédiées sur les points névralgiques et l'avance turque se trouva enrayée (5) .

5) Z. AVALOV. L'indépendance de la Géorgie dans la politique mondiale. Paris, 1923.

  Un traité dit de paix et d'amitié fut signé le 4 juin 1918 entre la Géorgie et la Turquie, à Batoum; ce traité dicté par les Turcs et devant lequel les Géorgiens durent s'incliner accordait à la Turquie les territoires concédés par les clauses du traité de Brest-Litovsk et les districts d'Aktaltsikhé et Akhalkalakhi à la réserve des régions d'Atskhvéri-Abastouman.

Les autres clauses de ce traité n'étaient pas moins humiliantes. La Géorgie était tenue de démobiliser son armée, de désarmer les navires de guerre russes ancrés dans ses ports, enfin, la Turquie se considérant toujours en état de guerre avec les alliés exigeait de la Géorgie qu'elle n'entretint aucun officier des armées ennemies sur son territoire. De plus, les chemins de fer géorgiens devaient servir aux transports militaires turcs.

Le traité de Brest-Litovsk stipulait en outre qu'un plébiscite aurait lieu dans les régions de Kars, Batoum et Ardahan avec le consentement et le contrôle des pays voisins en vue décider du rattachement définitif de ces territoires. Le plébiscité organisé  par les Turcs eux-mêmes eut un résultat favorable à leurs intérêts: les arrestations arbitraires, les séquestrations et les brimades ayant eu pour effet de fausser le vote des populations terrorisées. Le gouvernement géorgien protesta et adressa une note au Gouvernement allemand qui de son côté donna un avertissement à la Turquie.

Soutenue par les Allemands, la Géorgie se devait d'accepter la main qui lui était tendue; il lui fallait ensuite faire reconnaître son indépendance à toutes les autres nations et user de toutes les ressources du droit international pour consolider cette acquisition si précieuse et aussitôt menacée.

  La situation intérieure.

  Sans attendre la reconnaissance de son indépendance, la Géorgie se mit à l’œuvre et entreprit son redressement moral et économique, sa reconstruction et sa réorganisation intérieure.

L'attitude des partis politiques formait autant d'obstacles à l’œuvre de redressement; Le parti dirigeant, social ­démocrate, dominé par son idéologie cosmopolite et internationale était nécessairement inférieur à sa tâche et mal préparé à ses nouveaux devoirs. Cependant, l'idée nationale se frayait un chemin et la résurrection de la Géorgie éveillait dans les esprits même les plus imbus des doctrines marxistes la notion patriotique dans son sens le plus étendu, dominant les préoccupations de parti ou de classe.

Cette conscience nationale réveillée eut des effets rapides et le relèvement du pays s'opéra malgré les difficultés du moment et la lourde hypothèque laissée par la domination russe.

La forme de gouvernement ne fut plus la vieille et séculaire monarchie de la dynastie Bagration, mais une république démocratique. L'administration de l'État se refit pres­que automatiquement et le pays s'organisa. L'Église, la pre­mière, recouvra son indépendance sous l'énergique patriarche Cyrille.

Le 22 novembre 1917, le Congrès National nomma un Conseil qui devint l'organe suprême de la Nation et dont le premier soin fut de réorganiser l'armée. Enfin, la noblesse géorgienne offrit au nouvel État géorgien, à l'initiative du général K. Abkhazi, ses biens immobiliers afin de contribuer au redressement économique et à la consolidation de l'indé­pendance.

La fondation de l'Université géorgienne fut le premier soin du nouveau Gouvernement et en janvier 1918, les bâtiments furent inaugurés sous la direction des professeurs J.Djavakhichvili et Melikhichvili. Les savants géorgiens, disséminés jusqu'alors en Russie ou émigrés dans les divers pays d'Europe, rentrèrent en Géorgie et organisèrent les cours de l’université. Après l'Université, furent créés une École Polytechnique, le Conservatoire de Musique, l'Académie des Beaux-arts et d'autres établissements d'enseignement supérieur.

Au mois de février 1919, l'élection de l'Assemblée Constituante dota la Géorgie de ses pouvoirs complets et l'acte d'indépendance promulgué le 26 mai 1918 fut ratifié. En même temps, N. Jordania fut élu président du Gouvernement. Après la réorganisation de l'administration, de l'armée et de l'enseignement, vint la réforme agraire. Enfin le 21 février 1921, l'Assemblée Nationale adopta le projet de constitution de la République.

Dans la vie économique, la réforme agraire eut d'heureux effets; elle enleva aux mains des fonctionnaires russes les terres qu'ils s'étaient appropriées, la confiscation atteignit, ensuite les terres des grands propriétaires géorgiens qui furent distribuées aux paysans sans indemnité pour les dépossédés.

Les finances étaient faibles. Le pays vivait sur ses ressources sans qu'un recours à l'emprunt extérieur parut possible.

Pour l'exploitation des richesses nationales, l'État créa des sociétés à capitaux mixtes, nationaux et étrangers, qui permirent l'exploitation des différentes sources de revenus telles que les mines de manganèse et de charbon, les vers à soie, les bois de toutes essences. Plus heureux que les autres États de lEmpire russe, l’État géorgien vit s'améliorer très vite sa situation financière.

Malgré la courte durée de son indépendance et les cir­constances particu1ièrement défavorables, la Géorgie montra de quelles qualités créatrices elle était capable après un siècle d'humiliante domination. Sa conscience nationale plus forte que les mots d'ordre d'un parti ou les obédiences politiques triomphait une fois encore de toutes les difficultés. La Géorgie se développait à nouveau sur les mêmes bases traditionnelles et strictement nationales. Elle aurait pu reconquérir, malgré l’exiguïté de son territoire, la place qui lui revenait parmi les nations libres, si la conquête soviétique n'était venue une fois encore lui fermer le chemin de la liberté.

 


(Elisse Pataridze) et à Saint Georges ( Guiorgi Gvazava)

წმინდა გიორგი

ვენაცვალე მის სახელსა! ის მზად არის მოგვეშველოს,
თუ კი რაიმე ავი სული ემუქრება საქართველოს.
თუ ღრუბელი,ძალა ბნელინიკრიბება კამარაში,
მის ციური თავლიდანა მას გამოჰყავს თავის რაში,
მოახტება,გააჭენებს,ბრძოლის ცეცხლით წანაქეზი,
რაშის ნალი მიბრჭყვიალებს,ნაპერწკლებსა იყრის დეზი.

ვენაცვალე მის სახელსა! ნაპერხკლებში იგი მიჰქრის,
რომ ბურუსი განაბნიოს შიშისა და შავი ფიქრის,
აჰა,ჭოროხს გადასცილდა,ისმის,ისმის მის გრიალი,
ჩამოშორდა ბეზობდალსა-ახმაურდა დარიალი!
დევნის ყველგან ავსა სულსა,მიჰქრის,მიჰქრის
გმირთა-გმირი,
სანამ წინ არ გაეშლება შავი ზღვისა განაპირი.

ვენაცვალე მის სახელსა! აჰა,დეზი გაჰკრა კიდე,
იელვა და ბაპერწკლებით წამოენთო ცისა კიდე;
ქუხილია? მაშინ დოღი იმართება კამარაში:
ავსა სულსა უკან მისდევს აქაფებულ მისი რაშI?
თუ მიასტწრო, დაეწია და ბორზალი თვისი ჰფრიწა,
გავარდება მაშინ მეხი,იბზრიალებს დედა-მიწა.

ვენაცვალე მის სახელსა ! მხოლოდ მაშინ მშვიდად არი,
თუ კამარა იწმინდება,საამუტი ჰდგება დარი.
აჰ,ის რომ არ ყოფილიყო სასწაულის შემოქმედი,
დიდი ხნიდან განწირული იქნებოდა ჩვენი ბედი,
ბედი კრული,ბედი ბნელი,უმწეო და უსაშველო.
ამიტომაც მას ადიდიებს მარადიულ საქართველო.

გიორგი გვაზავა
 

 

kalistrate beridze

საქართველოს სადღეგრძელო

(თქმული სადილზედ 26 მაისს 1925წ. ოფიცერთა წრეში)

 

მოწიწებით, ფეხზე დგომით

მომისმინეთ სადღეგრძელო,

პირველ ყოვლის მეგობრებო

გავიხსენოთ საქართველო.

 

ზამთრის სუსხსა დაუნატრავს,

სულ დამჭკნარა ვარდი, მდელო

ამას ერიც დაუჩაგრავს,

იტანჯება საქართველო.

 

დღეს ჩვენ მისგან დაშორებით

შეგვიძლია უთხრათ მხოლოდ

რომ ამ ტანჯვას, ჩვენთან ერთად

მოეღება ჩქარა ბოლო

 

საოცნებოდ გამხთარი ხარ

სულის მნათო, გულის მწველო !

აბა ძმებო სულთა მხუთავს

გამოვგლიჯოთ საქართველო !

 

სისხლის ღვრაში დაცდილი ხარ,

ტანჯვისა ხარ შენ სამშობლო,

გეყოს ტანჯვა, აწ აყვავდი,

დიდებულო საქართველო

 

აღსდგეს ერი, დასცეს მტერი,

მკვთრეთის აღსდგეს საქართველო

კალისტრატ ბერიძე

26.05.1925წ. პარიზი

 

 

 


 

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